Faire réussir lensemble dune classe dâge :
* une nécessité démocratique,
* un enjeu professionnel qui passe par une amélioration des conditions
dexercice du métier.
Les évolutions techniques et économiques rendent nécessaires laccroissement du niveau initial de formation, une formation générale ambitieuse et efficace, son enrichissement tout au long de la vie.
Le fonctionnement démocratique de notre société multiculturelle se complexifie et lÉcole joue un rôle fondamental dans la construction dune société solidaire de femmes et dhommes libres et citoyens.
Pour le Sgen-CFDT, les responsabilités de lÉcole consistent dabord à instruire, à éduquer tous les enfants quels quils soient et tels quils sont, à donner à chacun une formation lui permettant de se situer dans une histoire, de développer ses potentialités personnelles, dacquérir une qualification reconnue, de devenir un citoyen à part entière.
Il faut aujourdhui réaffirmer ces finalités sociale et culturelle, économique et démocratique pour lÉcole, les traduire concrètement en termes de politique de transformation de lÉcole pour atteindre la démocratisation réelle du système et la réussite pour tous.
Cette volonté politique doit se traduire notamment par:
* un pilotage politique aux différents niveaux, inscrit dans la durée
et comportant des dispositifs dexpérimentation véritable
(cahier des charges, moyens, temps, évaluation) ;
* un engagement budgétaire à la hauteur des objectifs, se traduisant
dans une loi de programmation ;
* la mobilisation des acteurs de léducation à qui lon
donne les outils (temps, formation, accom-pagnement de proximité...)
et les espaces de liberté et de responsabilité collectives nécessaires
à la mise en uvre efficace des mesures retenues.
« Plaque sensible » des problèmes de la société, lÉcole nest pas un sanctuaire ; elle doit jouer pleinement son rôle mais na pas à gérer seule des questions qui doivent être prises en charge par des politiques globales.
Le Sgen-CFDT souhaite voir relancer une véritable politique déducation prioritaire, articulée avec une politique de la Ville ambitieuse, redéfinie dans un proet densemble de lutte contre les exclusions, pour la réussite scolaire et légalité des droits.
Ainsi, lÉcole sera en mesure de poursuivre lobjectif de mixité sociale dans lorganisation in-terne des établissements (classes hétérogènes et moyens de gérer cette hétérogénéité) comme dans leur organisation externe (sectorisation et carte scolaire dans le bassin de formation).
Permettre la réussite de tous , promouvoir le désir dapprendre
LÉcole de tous : pour le Sgen-CFDT, cest lensemble
des deux grands temps, école primaire et collège, le cursus commun
à lensemble des jeunes dune classe dâge, où
lon apprend ensemble en apprenant à vivre ensemble.Cela signifie
aucune sélection, orientation ou pré-orientation, ni filière
explicite ou implicite avant la fin de la troisième ; ce nest pas
au collège que doit samorcer la sélection des élites,
ce nest pas au collège que doit se faire lengagement dans
la voie professionnelle sur le mode de lorientation par léchec.
Sa mission doit être définie en termes de « formation fondamentale » de chacun, en termes dobligation pour lÉtat de faire acquérir à tous les connaissances et compétences, les savoirs, savoir-faire, savoir être indispensables à tout citoyen du XXIe siècle. Il est urgent de sengager dans la définition du socle commun devant être acquis par tous pendant la scolarité obligatoire.
Lors de son dernier congrès, en mai 2004,le Sgen-CFDT sest engagé dans cette voie en définissant quatre finalités au socle commun :
* poursuivre son parcours de formation en vue de lacquisition à
terme dune qualification professionnelle reconnue ;
* avoir acquis des clés de lecture de la complexité du monde contemporain,
pouvoir y porter un regard critique ;
* avoir un réel pouvoir sur son propre devenir ;
* disposer des éléments permettant de devenir un citoyen à
la fois solidaire et responsable.
Déclinées en objectifs précis, elles devraient contribuer à (re)donner à chaque jeune, quelle que soit son origine, un sens à sa présence à lécole, aux apprentissages quil y fait, et aux familles un nouvel intérêt pour lÉcole.
La définition du socle commun, la clarification des missions du collège sont essentielles pour que puissent être mises en uvre efficacement des démarches permettant que lhétérogénéité ne soit plus vécue comme un obstacle.
La continuité éducative entre lécole et le collège doit être renforcée tant pour ce qui est des acquisitions du socle commun que pour ce qui est des pratiques pédagogiques et éducatives.
Comment prétendre revaloriser la voie professionnelle quand on continue à y orienter par leurs manques et non par leurs possibilités ou par leurs goûts des jeunes qui éprouvent alors le sentiment de léchec et de la relégation ?
Opposé à tout ce qui sous couvert de « diversification » produit de fait de la préorientation et de la filiarisation - sans apporter daide réelle aux élèves en diffi culté -, le Sgen-CFDT sest engagé avec nombre dorganisations de la communauté éducative (fédérations de parents délèves, mouvements pédagogiques, associations péri-scolaires, organisations syndicales de personnels, de lycéens...) contre le projet ministériel de nouvelle troisième dont le module lourd de découverte professionnelle (6 heures) organise une filière de préorientation.
Malgré un avis très négatif du Conseil supérieur de lÉducation, le ministre est passé outre.
Lélève au centre
Mettre lélève au centre du système éducatif
est déterminant pour la démocratisation de la réussite
scolaire. Loin des théories de lenfant-roi ou de la résignation
face à léchec individuel, cela consiste à prendre
en compte dans les démarches dapprentissage et les modalités
pédagogiques mises en uvre les diversités personnelles,
socioculturelles et cognitives, les différences de rythmes dapprentissage.
Cela signifie pour le Sgen-CFDT :
* relancer la politique des cycles à lécole pour favoriser
aussi la mise en uvre des nouveaux programmes. Les orientations prises
concernant le seul CP en termes de redoublement ou même de lutte contre
lillettrisme nous semblent tout à fait décalées par
rapport à cette nécessité ;
* développer et rendre plus opératoires les dispositifs favorisant
la prévention et la remédiation des difficultés particulières
(Rased...) et lintégration des enfants et jeunes concernés
par un handicap (structures et formation des personnels) ;
* mieux articuler les projets de lÉcole et ceux hors lÉcole
dans le cadre des contrats éducatifs locaux en particulier, développer
les pratiques culturelles en les reliant aux apprentissages scolaires ;
* mettre en uvre des modalités dapprentissage et des façons
daborder les contenus qui rendent lélève acteur de
ses apprentissages, favorisent la perception du sens des apprentissages et lacquisition
progressive de lautonomie. Des démarches de type TPE au lycée
ou IDD au collège doivent être préservées dans leur
identité - ce ne sont pas des dispositifs de remédiation -, soutenues
dans leur mise en uvre - temps et formation pour les personnels et développées.
* Diversification et différenciation pédagogiques sont essentielles
si lon veut favoriser la réussite de tous. Pour le Sgen-CFDT, la
classe hétérogène doit rester le principe dorganisation
des établissements mais le recours à des groupes à géométrie
variable, en fonction des besoins et des projets, doit pouvoir être régulier
;
* développer les dispositifs et modalités daccompagnement
du travail de lélève et de son parcours : suivi individualisé
et tutorat doivent se développer, en particulier au collège. Lélève
doit pouvoir trouver à lÉcole les ressources dont il a besoin,
quil sagisse de laide des équipes éducatives
ou des ressources documentaires ;
* recourir davantage à une évaluation formative et progressive,
visant en priorité la reconnaissance des compétences et pas seulement
des connaissances ;
* développer les moyens daider les jeunes à construire progressivement
leur projet personnel, à la fois dans les contenus, les modalités
dapprentissage, mais aussi par des démarches spécifiques
dinformation.
Les métiers de lÉducation
Le Sgen-CFDT est depuis toujours convaincu de la nécessité dune
meilleure reconnaissance du rôle éducatif des différents
acteurs de la vie des établissements, dun renforcement de ce rôle,
dune meilleure articulation au sein de léquipe éducative
et dans le cadre de projets décoles et détablissements
qui favorisent lapprentissage du « vivre ensemble ». Il est
opposé au transfert aux collectivités de missions et de personnels
de lÉducation nationale.
De manière générale et compte tenu de la diversité croissante des publics, des bouleversements culturels et sociaux, de laffaiblissement des repères... le Sgen-CFDT juge nécessaire le renforcement de la présence dadultes dans les établissements, quil sagisse daide-éducateurs, de personnels de surveillance et déducation, de personnels sociaux et de santé, de conseillers dorientation psychologues, mais aussi de personnels techniques et administratifs, qui sont autant dinterlocuteurs possibles des élèves et dacteurs de la démarche éducative et qui doivent disposer des moyens dassurer leur mission.
Le métier denseignant évolue de fait, se complexifie ; les conditions dexercice sont devenues plus difficiles. Faire évoluer le métier enseignant et reconnaître institutionnellement cette évolution par la redéfinition du service et de la formation est une urgente nécessité :
* par rapport à lobjectif de transformation, de démocratisation
de lÉcole ;
* pour répondre aux questions, aux difficultés que connaissent
les enseignants dans lexercice quotidien dune pratique professionnelle
dont les contours, les exigences se sont transformés.
La redéfinition du service doit se traduire par une réduction du nombre dheures de cours qui permette linscription dans le temps de service de la concertation nécessaire au travail en équipe et à la mise en uvre de pratiques rénovées (équipe pédagogique, éducative, partenariats divers) mais aussi de tâches qui sont aujourdhui essentielles en termes de tutorat, suivi individualisé des élèves, relations avec les parents...
La formation initiale doit évoluer dans le sens dune meilleure professionnalisation, en cohérence avec les missions diversifiées et nouvelles des enseignants. Elle doit renforcer ses caractéristiques de formation universitaire professionnelle dadultes ; elle doit mettre en perspective la formation pratique sur le terrain avec des référents théoriques et des analyses de pratiques professionnelles, permettre la prise en compte conséquente des dispositifs de formation commune dans le premier et le second degré. Elle doit être prolongée par un accompagnement réel à lentrée dans le métier.
Plus que jamais, pour le Sgen-CFDT, il apparaît nécessaire de mener à son terme le projet fondateur des IUFM, den favoriser lévolution en repensant les concours de recrutement du second degré et en décidant de fixer à deux années la durée de la formation initiale en IUFM après le concours.
Pour tous les personnels, la formation continue est un droit qui doit être réaffi rmé quand son exercice se réduit de fait dannée en année suite aux restrictions budgétaires. Cette formation doit privilégier la transformation des pratiques et laccompagnement des équipes, pédagogiques et éducatives, dans la mise en uvre de leurs projets.